Comprendre le concept de reste à vivre : la clé d’un budget équilibré en situation de surendettement
Lorsque les dettes s’accumulent et que le poids des échéances devient étouffant, il est crucial de bien comprendre ce qu’est le reste à vivre. Ce concept est souvent un point de départ pour les organismes de surendettement comme la Banque de France afin d’évaluer votre capacité réelle à rembourser vos dettes tout en maintenant un train de vie minimal – et humainement acceptable.
Mais qu’entend-on exactement par « reste à vivre » ? Et surtout, comment le calcule-t-on de manière concrète ? C’est ce que nous allons explorer ici, avec rigueur, mais de façon claire et accessible – comme vous l’attendez, chers lecteurs du blog Impots.fr.
Reste à vivre : une définition simple mais essentielle
En termes simples, le reste à vivre représente la somme d’argent qu’il vous reste chaque mois après avoir payé toutes vos charges fixes et vos mensualités de crédit. Il s’agit, en quelque sorte, de votre “bouée de sauvetage” financière.
Cette notion est utilisée par les commissions de surendettement pour :
- Évaluer votre situation financière réelle
- Élaborer un plan de redressement adapté à vos capacités
- S’assurer que vous ne tombez pas dans un dénuement total en devant assumer vos dettes
Car oui, rembourser ses dettes, c’est essentiel. Mais cela ne doit pas se faire au prix de sa santé ou de sa dignité.
Quel est le calcul de base pour déterminer ce reste à vivre ?
Le calcul du reste à vivre s’articule autour de trois éléments fondamentaux :
- Revenus mensuels nets du foyer (salaires, aides sociales, pensions, etc.)
- Total des charges fixes mensuelles (loyer, impôts, abonnements, assurances, remboursement de crédit, etc.)
- La composition familiale (célibataire, couple, enfants à charge…)
La formule est donc la suivante :
Reste à vivre = Revenus nets mensuels – charges fixes mensuelles
Ce montant doit être comparé à un seuil minimal défini en fonction du nombre de personnes dans le foyer. La Banque de France se base souvent sur le barème du RSA pour déterminer un minimum vital.
Un exemple concret : le cas d’Anne et Julien
Pour illustrer cela, prenons le cas d’Anne et Julien, un couple avec deux enfants. Leurs revenus nets mensuels s’élèvent à 2 400 €. Le total de leurs charges fixes (loyer, électricité, crédits, assurances, etc.) représente 2 000 € par mois.
Leur reste à vivre s’élève donc à :
2 400 € – 2 000 € = 400 €
Or, d’après les barèmes indicatifs de la Banque de France, le minimum vital pour un foyer de 4 personnes se situe autour de 1 300 €. Résultat : Anne et Julien sont en situation de précarité budgétaire sérieuse malgré des revenus « corrects ».
Le reste à vivre est-il le même pour tout le monde ?
C’est là que la notion devient très intéressante (et parfois frustrante) : le reste à vivre n’est pas une donnée figée.
Il varie en fonction :
- Du nombre de personnes composant le foyer
- Du niveau de vie local (un loyer à Paris ou à Quimper, ça n’a rien à voir…)
- Du coût de certains frais incontournables (garde d’enfants, transports, santé, etc.)
Ainsi, lors de l’examen d’un dossier de surendettement, les commissions ne se contentent pas de faire un calcul mathématique. Elles analysent la réalité concrète du quotidien de chaque foyer.
Ce que prend en compte la Banque de France dans ses calculs
La Banque de France ne se base pas uniquement sur des quotas théoriques. Elle intègre un ensemble de paramètres humains et économiques dans son analyse :
- Le reste à vivre doit permettre de couvrir les besoins de base : nourriture, transport, hygiène, scolarité…
- Un barème spécifique est appliqué selon le nombre de personnes dans le foyer : environ 600 € pour une personne seule, avec +200 à +300 € par personne supplémentaire en moyenne.
- Les frais particuliers motivés (handicap, maladie chronique, divorce, etc.) sont aussi pris en compte.
En clair, l’analyse ne se fait pas à l’aveugle. Chaque cas est étudié pour assurer un équilibre entre remboursement et vie décente.
Est-ce que le reste à vivre peut influencer les décisions de la commission de surendettement ?
Absolument ! C’est même un des critères majeurs dans l’élaboration d’un plan conventionnel de redressement.
Si votre reste à vivre est insuffisant :
- La commission peut décider de rééchelonner vos dettes avec des mensualités plus faibles
- Elle peut proposer un gel des intérêts pour éviter leur accumulation
- En cas de situation trop critique, elle peut aller jusqu’à l’effacement partiel ou total des dettes, dans le cadre d’un rétablissement personnel
Votre reste à vivre est donc un levier de négociation essentiel. Il ne faut ni le surestimer, ni le sous-estimer. Présenter un budget réaliste et étayé sera toujours plus convaincant face à la commission.
Comment améliorer son reste à vivre ?
Il faut parfois affronter la réalité : sans un minimum de discipline budgétaire ou de concessions, il est difficile d’améliorer son reste à vivre.
Voici quelques pistes concrètes pour y parvenir :
- Réviser ses abonnements (TV, mobile, internet) et éliminer les options non essentielles
- Négocier ses assurances habitation, voiture et santé pour faire baisser les cotisations
- Limiter l’usage du crédit renouvelable, souvent à taux très élevé
- Valoriser vos droits sociaux : aides locales, allocation logement, prime d’activité, etc.
- Opter pour un accompagnement budgétaire auprès d’un travailleur social ou d’associations comme Crésus ou l’ADIE
Des petits gains par-ci par-là peuvent rapidement faire la différence… et donner un peu d’air à votre budget.
Petite anecdote budgétaire : les « micro-économies » de Mireille
Mireille, 53 ans, mère célibataire confrontée au surendettement, a réussi à améliorer son reste à vivre de 150 € par mois en trois mois. Comment ? En mettant en œuvre un plan drastique mais ingénieux :
- Suppression de la box Internet au profit d’un forfait mobile avec “partage de connexion”
- Achat des fruits et légumes en surplus de marché chaque samedi midi
- Renégociation de son contrat d’assurance auto en changeant de compagnie
Résultat : moins de stress, et surtout assez pour faire face aux imprévus du quotidien, sans replonger dans le crédit revolving.
Et si vous n’arrivez vraiment plus à équilibrer votre budget ?
Pas de panique. Vous avez des solutions, même quand tout semble bouché à l’horizon.
Le dépôt d’un dossier de surendettement auprès de la Banque de France est ouvert à tous les particuliers résidant en France (ou y ayant des intérêts) et en situation d’impasse budgétaire. Ce processus est gratuit, confidentiel, et encadré par la loi.
Il vous faudra :
- Remplir un formulaire de demande avec vos revenus, charges et dettes
- Joindre l’ensemble des justificatifs utiles
- Attendre la décision de recevabilité (généralement sous deux mois)
Une fois reçu, votre dossier est étudié pour aboutir soit à un plan d’apurement, soit à un effacement de dette, selon les cas.
Mais surtout, pendant ce temps, les saisies et intérêts sont gelés : une vraie bouffée d’oxygène pour préparer un nouvel équilibre financier.
En résumé…
Le reste à vivre est bien plus qu’un simple indicateur budgétaire : c’est un outil d’aide à la décision et un levier de justice sociale.
Il permet de garantir que même en situation de surendettement, chaque citoyen conserve les moyens de faire face au quotidien avec dignité. Que vous soyez locataire, propriétaire, salarié, retraité ou sans emploi : prenez le temps de calculer et de comprendre votre reste à vivre. C’est souvent la première étape pour reprendre le contrôle de votre situation financière.
Et comme aime le rappeler l’auteur de ce blog, Marc Delaunay : « Mieux vaut un petit budget bien piloté qu’un gros budget sans gouvernail ». À méditer…

